MANIFESTE

Il était une fois, dans un monde pas si lointain, un royaume merveilleux, celui des Arts et de la culture. Dans ce royaume merveilleux, les gens créent, imaginent, idéalisent, matérialisent cette effervescence par les arts. La peinture, l’écriture, le théâtre, la musique, le chant, tous les moyens sont bons pour s’exprimer, communiquer, s’évader, se rencontrer. 

Les gens qui peuplaient ce royaume étaient tous riches de leurs diversités, dansaient, partageaient leurs différences et grandissaient ensemble. 

Mais un jour, après un orage d’une violence inouïe, cette richesse n’était plus reconnue de tous.  Tout à coup parmi les gens, une différence binaire était établie : les hommes d’un côté, forts, talentueux, courageux ; les femmes de l’autre, douces, appliquées, fragiles. Ce nouvel ordre social était tout aussi violent que l’orage qui l’avait provoqué. Les femmes avaient les jambes coupées, les actions frustrées et l’accomplissement renié. Les personnes queers étaient marginalisées, maltraitées, effacées. 

Les hommes décidaient désormais de tout, de quels hommes seraient chanteur, écrivain, compositeur, metteur en scène. Les arts se sont mis à ne représenter que les désirs des hommes sans plus aucune considération pour les femmes, seule autre catégorie de genre reconnue. L’expression était alors réduite, voire usurpée, la communication impossible, l’évasion un lointain souvenir, et les rencontres contraintes, presque absentes. L’art était devenu fade et morose, sa vocation profondément ancrée dans le partage, le vivre ensemble, un instant, un moment, un échange, avait disparu. Son intention politique était pleinement dominée par les hommes et son usage dénaturé. 

Ce type de forme d’organisation sociale, dans laquelle l’homme exerce le pouvoir dans le domaine politique, mais aussi économique (les femmes artistes n’avaient aucunement la possibilité d’en faire leur métier) ainsi que sur le plan social, porte un nom : il s’agit d’une société patriarcale. 

Chère lectrice, cher lecteur, il ne s’agit pas là d’une histoire dystopique que l’on vous conte, mais bien celle des industries artistiques et culturelles en France, comme ailleurs dans le monde, aujourd’hui encore. SIS’SOUND Production s’est constituée pour faire face à ce constat. Face à ces inégalités et à l’inertie des dirigeant·es, des maisons de productions et même des artistes. Nous avons décidé de combattre frontalement cette problématique en ne travaillant qu’avec des artistes femmes et/ou queers. 

Nous proposons une fin heureuse à ce conte, un renouveau dans nos habitudes d’écoute, de visionnage, de contemplation, de supports, en somme, de choix culturels. Tout est politique. L’industrie machiste de la culture ne cesse de nous le rappeler, comme on ne cesse de le relayer grâce à de nombreux rapports chiffrés et sourcés. Pour écrire cette fin ensemble, nous accompagnons des artistes engagées, créons des événements où se croisent concerts, expositions, performances et ateliers à destination de petit·es et grand·es. 

SIS’SOUND, en contractant littéralement “SISTERHOOD” et “SOUND SYSTEM” entend proposer une synthèse des valeurs que l’on retrouve dans la sororité avec celles des ambitions utopiques que défendent nombre de collectifs de DJ et dont l’expression se fait en musique ! 

Alors c’est en musique, et en paillettes, que chaque année le SIS’SOUND Festival revient pour donner à voir, à vivre, à partager et à découvrir des artistes de ta